Au nom de la montre : De quoi Nautilus est-il vraiment le nom ?

Une montre c’est une histoire, des caractéristiques techniques voire un design. C’est aussi un nom. Mais nous en parlons rarement. Or, sans lui, pas d’identité ni de proximité.

Avec lui, c’est un message qui apparait sur un cadran, fait d’intentions et de non-dits. Et parfois, quelques lettres peuvent cacher quelques secrets. Patek Philippe tient une place particulière dans cette histoire de mots. La marque est plutôt avare en noms. Elle les réserve aux collections, ses modèles portant des références à la signification plutôt mystérieuse. Ce choix est intéressant. A une époque où une marque doit être facile d’accès, Patek Philippe semble agir différemment. Comme il semble qu’il faille mériter une Patek, la première étape de l’initiation passe par une plongée dans ces références complexes. Néanmoins, dans la famille Patek Philippe, il y a aussi des noms qui comptent. C’est le cas de Nautilus. Il fait partie du cercle restreint des noms de montres qui sont devenus plus célèbres que ceux des marques. Et ceci n’est certainement pas un hasard.

L’HISTOIRE COMMENCE IL Y A LONGTEMPS, EN POLOGNE

Au cours des 18e et 19e siècles, le pays cherche à se libérer de l’influence russe. Plusieurs insurrections – 1794, 1831, 1846 ou 1863 – viendront marquer cette époque. Elles seront toutes durement réprimées.

QUEL RAPPORT AVEC NOTRE NAUTILUS ?

Lorsque Jules Verne commence l’écriture de Vingt-mille lieues sous les mers, il imagine le Capitaine Nemo comme un insurgé polonais qui a fui son pays en 1864. Ce choix sera remis en question par son éditeur et finalement l’aventurier finira par être le fils d’un raja indien. Un immigré polonais qui fuit son pays après avoir pris part à un soulèvement, cela ne vous rappelle rien ? Quelques années plus tôt, Antoine Norbert de Patek avait vécu exactement la même histoire. Aristocrate, militaire, insurgé et finalement refugié… Si Nemo choisit la Mer, de Patek choisit le Lac Léman.

CONTINUONS À REGARDER CETTE HISTOIRE DE PLUS PRÈS

Nemo est un ingénieur génial. De Patek est un horloger brillant. Les deux auront besoin d’un partenaire. Pour de Patek, ce sera d’abord avec François Czapek –puis avec un horloger français, Jean Adrien Philippe. Pour Nemo, c’est plus compliqué. Mais le tandem qu’il forme avec le chercheur français Pierre Aronnax est au coeur du roman de Jules Verne.

PARLONS MAINTENANT DU FAMEUX NAUTILUS

L’engin est révolutionnaire. Il hante les océans, détruisant les vaisseaux qui y naviguent. C’est le moderne qui s’oppose à l’ancien. Cela ne vous rappelle rien ? Une montre simple, sportive, dans un monde de complications et de formalisme. La Nautilus repense les codes et force à s’interroger sur le futur de l’horlogerie. Son nom n’est pas qu’une référence à un sous-marin. C’est peut-être un message lancé – en 1976 – à la veille de la grande crise du quart à une industrie qui semble ronronner.

CONTINUONS NOTRE OBSERVATION…

Le nom Nautilus a été choisi pour désigner une montre solide, étanche, construite de manière plutôt inhabituelle et qui reprend la forme des hublots du submersible de Nemo. Un sous-marin, justement, en anglais Submarine. Peut-on y voir un message destiné à un voisin genevois : la Submariner contre la Nautilus. D’un côté, il y a le professionnel. De l’autre, il y a le navire. Mais pas n’importe lequel. Il sort d’un livre, vient de l’imagination plutôt que de la réalité. La romanesque Nautilus serait-elle plus poétique que la professionnelle Submariner ? Les inventeurs de la Nautilus ont-ils voulu donner – une fois n’est pas coutume – un brin d’émotion à leur Patek ? La question semble légitime. Une chose est sûre : dans le petit monde du silence des montres aquatiques, la Nautilus porte un nom bien original.

L’AUTRE NAUTILUS…

Vous rappelez-vous de la Jaeger-LeCoultre Polaris ? Lancée quelques années avant la Nautilus, son nom évoque autant la Guerre Froide que la banquise. Le Polaris est le premier missile nucléaire lancé depuis un sous-marin. Etrangement, il existe un autre Nautilus, le SSN-571, le premier submersible à propulsion nucléaire, mis à l’eau en 1955. Alors, avec ce Nautilus américain, la marque aurait-elle envoyé un avertissement à un autre rival horloger ?

FINALEMENT LA NAUTILUS VOYAGE !

Nautilus est donc un nom qui offre plusieurs lectures. Le roman et la réalité. La science et la guerre. Mais aussi l’Europe et les USA. La Nautilus a un pied en Europe par sa filiation avec Jules Verne. L’autre est en Amérique par sa référence au navire américain, ou par la présence du canadien Ned Land dans le livre de Jules Verne. En fait, elle est une des premières montres à porter un nom global ! Alors que les Rolex, Omega ou Audemars Piguet restent anglophones, Patek Philippe a adopté dès 1976 une posture plus internationale en jouant avec un nom aux interprétations et aux significations multiples. Comme quoi, un nom c’est important ! Alors, regardez vos cadrans !

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