DeLaneau L’émotion à fleur d’émail : Dans l’atelier des émailleuses
Dans l’antre des filles du feu
L’atelier. Quand on pousse sa porte, on découvre un univers insolite. Le calme y est impressionnant. La douceur et la sérénité qui habitent l’atmosphère également. Au centre de la pièce, trois établis. Des pinceaux d’une rare finesse, des mortiers, des flacons de verres remplis d’émaux, un nuancier… Des carnets de route, aussi, reposent aux côtés des binoculaires. Véritables bibles des émailleuses, ces carnets ponctués de photos, d’esquisses, de notes et de formules secrètes retracent le travail lent et patient qui a conduit à la confection des cadrans émaillés des montres DeLaneau. Dans le carnet de Béatrice, on retrouve le fameux cerisier inspiré d’une robe portée par la chanteuse Bjork sur la pochette de son album Homogenic. « J’aime bien Bjork, c’est vrai, sourit l’émailleuse. J’aime aussi les motifs qui ont trait aux animaux, à la nature. J’essaie de moderniser ces éléments dans mes créations. » Arrivée il y a sept ans chez DeLaneau, Béatrice « travaille beaucoup au ressenti ». « J’aime les dessins réalistes, qui donnent envie d’avoir un contact avec la matière », souligne-t-elle. Et d’ajouter : « Quand on travaille l’émail, il faut être très humble, on apprend tout le temps. »Dans le carnet de route d’Emily, les esquisses se font toute douces. L’émailleuse entrée chez DeLaneau il y a quatre ans aime particulièrement reproduire des tapisseries. Dans celui de Florence, les dessins sont d’une tout autre teneur. L’univers est plus graphique, plus contemporain. « J’aime expérimenter des nouvelles techniques, faire de nouvelles expériences, explique celle qui a rejoint l’équipe il y a tout juste un an. Je pratique l’émail XL à l’extérieur et j’ai en général déjà expérimenté en grand ce que je fais en miniature. »
Le vrai métier d’art
A l’heure où nombre de maisons horlogères et joaillières proposent des pièces mettant en avant les métiers d’art, et notamment le délicat travail de l’émail, difficile de se démarquer pour une marque niche comme DeLaneau. Mais, quand David Gouten parle de « vrai métier d’art », on accepte volontiers de le croire une fois passée la porte de l’atelier. Ici, la technique est parfaitement maîtrisée. Notamment celle de la grisaille ou de l’émail sous fondant, une des spécificités de DeLaneau, qui consiste à passer une couche supplémentaire permettant de donner une profondeur inégalée à la pièce émaillée. L’émotion est également présente, dans chacun des gestes. Béatrice, Emily et Florence racontent qu’elles bénéficient d’une grande liberté de création. A partir de grandes orientations thématiques données par le « creative & marketing director », elles composent leurs cadrans, de A à Z, selon leur inspiration personnelle. « Nous avons la chance de pouvoir utiliser ce que le feu nous a imposé », raconte Florence. Ce maître, le feu, auquel personne chez DeLaneau ne tente de se soumettre. Accepter cette part d’inconnu confère à la marque et à ses cadrans émaillés ce petit supplément d’âme auquel aucune femme ne peut rester insensible.
Légendes:
Gauche: Après avoir découpé à la main des paillons en or, les émailleuses les appliquent pour former, ici, un joli ciel étoilé.
Droite: La collection Cerisier met en scène les nuances colorées de l’arbre en fleurs, selon les quatre saisons.