Louis Vuitton : Hamdi Chatti

Que vous a apporté cette nouvelle manufacture à Genève ?

L’activité de manufacture n’est pas nouvelle pour nous puisque nous possédions déjà la Fabrique du Temps, Léman Cadrans ainsi que la production de boîtiers. Cependant, nous pouvons dorénavant les regrouper sous un même toit, sur un site unique. Au-delà du renforcement opérationnel, cette réunification devrait apporter de la créativité, de l’émulation et la possibilité d’accélérer l’ensemble. Je crois que la symbiose permanente entre horlogers, ingénieurs, cadraniers et emboîteurs peut générer de belles idées tout en les réalisant plus facilement. Finalement, l’ancrage genevois rend non seulement hommage à la Fabrique du Temps qui est née ici et la présence de l’aéroport nous permet de faciliter les allers-retours avec Paris ainsi que les formations de nos vendeurs du monde entier. Sans oublier le rôle de capitale internationale de la haute horlogerie que joue Genève, et l’utilisation du Poinçon de Genève qui estampillera certainement certains de nos modèles à moyen terme.

 

Quelles sont les évolutions prévues à moyen et long termes ?

Il y a de la place pour s’agrandir, mais dans un premier temps nous tenons à nous assurer que tout le monde se sente bien dans ces locaux et que l’activité se développe. Je suis confiant mais allons-y étape par étape !

 

Quelle a été l’évolution la plus marquante de Louis Vuitton Horlogerie durant la décennie écoulée ?

L’événement le plus marquant pour Louis Vuitton dans l’horlogerie a pris les traits de la montre Tambour en 2002 : un design fort, un mouvement automatique chronographe, c’était une étape fondatrice de notre activité horlogère.

Ensuite le lancement du tourbillon personnalisable en 2006-2007, très puissant, a frappé les esprits et fait entrer Louis Vuitton dans un autre segment, suivi de la Mystérieuse. Parallèlement nous nous sommes rendus compte qu’il fallait intégrer un certain nombre de métiers, d’où l’acquisition de la Fabrique du Temps, puis Léman Cadrans, et aujourd’hui cette inauguration de notre nouvelle unité de production. Nous espérons poursuivre sur cette voie.

 

De quelles nouveautés tirez-vous les plus grandes satisfactions ?

C’est difficile de ne pas les citer toutes mais l’Escale Worldtime que nous avons présentée à Bâle au printemps mérite une mention spéciale ! C’est une montre absolument unique, née d’une émulation entre les horlogers et notre département patrimoine, qui a abouti sur une idée nouvelle : la seule montre heures du monde à se passer d’aiguille ! Fondamentalement pourtant, cela reste une montre de haute horlogerie, assez classique dans son porté, ronde, avec un boîtier plutôt fin, mais différente dans sa manière de s’affirmer.

Dans un tout autre registre la collection Emprise est venue cette année répondre à un segment que nous n’occupions pas, la montre de forme, tout en se mariant pour la première fois à la joaillerie. Cette double collection, joaillière et horlogère, répond parfaitement à nos attentes.

 

Nourrissez-vous autant d’ambition dans les bijoux que dans l’horlogerie ?

La joaillerie est un secteur qui fonctionne très bien chez Louis Vuitton ! Elle vient enrichir l’offre horlogère. Si nous continuons à ce rythme, nous pourrons sans doute chatouiller l’horlogerie.

 

Votre réseau de distribution intégré vous rend-il plus résistant ou plus fragile en cette période d’incertitude ?

C’est une opportunité fantastique qui se vérifie particulièrement maintenant. La moitié de nos 460 boutiques dans le monde propose une offre horlogère que les clients peuvent découvrir lorsqu’ils pénètrent initialement dans cet espace pour la maroquinerie, le prêt à porter, les souliers ou la joaillerie. L’univers des montres Louis Vuitton vient alors naturellement à la rencontre de ces clients qui, au moment de franchir la porte du magasin, n’y pensaient pas spontanément. Comme nous le voyons actuellement, l’horlogerie souffre sur certains marchés, or ce flux dans nos boutiques permet d’y pallier.

 

Quels challenges attendent la marque en 2015 ?

Le défi d’intéresser une clientèle à la recherche de produits d’exception, qu’elle ne pourrait pas trouver ailleurs, reste toujours d’actualité.


Rédacteur en chef des magazines GMT et Skippers dont il est le cofondateur depuis 2000 et 2001, Brice Lechevalier est aussi à la tête de WorldTempus depuis son intégration dans la société GMT Publishing, qu’il dirige en tant que co-actionnaire. Il a par ailleurs créé le Geneva Watch Tour en 2012 et conseille le Grand Prix d’Horlogerie de Genève depuis 2011. Côté nautisme, il édite aussi le magazine de la Société Nautique de Genève depuis 2003, tout en étant membre fondateur des SUI Sailing Awards (les prix officiels de la voile suisse) depuis 2009 et du Concours d’Elégance de bateaux à moteur du Cannes Yachting Festival depuis 2015.

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