Une nouvelle fois, la fin du monde n’a pas eu lieu. L’Apocalypse Maya qui devait faire s’ouvrir la terre sous nos pieds ne s’est pas plus réalisée que les prévisions cataclysmiques des Cassandre du marché horloger. Les exportations horlogères tiennent plutôt bon, surtout dans leur frange haut de gamme. Le marché américain se redresse. L’homme providentiel chinois aime toujours les montres, surtout les plus couteuses, quoique son appétit devienne plus sobre Ce ne peut être qu’une bonne chose, selon l’aveu même de Nick Hayek, co-président et CEO du Swatch Group. « Il faut un peu calmer les esprits » a-t-il déclaré lors de la présentation des flamboyants résultats annuels de son groupe. Il vient de réaliser une acquisition des plus intéressantes. Il est désormais propriétaire de la marque Harry Winston. De quoi renforcer son offre féminine d’une part et s’ancrer sur le marché convoité de la haute joaillerie d’autre part. Le groupe LVMH avait initié une phase de concentration dans le secteur en rachetant Bulgari en 2011. Jean-Christophe Babin vient d’ailleurs d’y être désigné au poste de CEO. L’ancien patron de TAG Heuer pourra exercer sa vision stratégique sur un nouveau terrain, plus féminin, plus luxe, plus exclusif.

 

Féminité

Avec ces changements d’état-major, la montre pour dame devrait connaitre une nouvelle dynamique. C’était d’ailleurs le mot d’ordre au SIHH 2013. Le salon a fait la part belle au beau sexe. Jamais n’avait-on vu autant de nouveautés féminines, tant en nombre qu’en qualité. Relais de croissance autant qu’exercice de création exigeant, l’horlogerie pour dames prend une autonomie renouvelée. Dans le haut de gamme mâtiné de joaillerie, la créativité rivalisait déjà avec la poésie. L’essentiel des nouveautés porte sur des montres haut de gamme, certes, mais plus portables. Surtout, il s’agit de modèles pensés pour les dames et non pas dérivés de montres pour homme avec un petit coup de rimmel.

 

Virilité

A l’inverse, les sujets masculins de cet hiver sont virils et sentent l’essence. La grande tendance qui émerge déjà est que 2013 sera automobile ou ne sera pas. Rolex a ouvert le bal en janvier. La marque leader mondial de l’horlogerie est devenue partenaire et chronométreur officiel du championnat leader mondial de la course automobile : la Formule 1. La couronne dorée va asseoir sa prééminence grâce au sport mécanique le plus regardé au monde. Quelques semaines plus tard, au SIHH, IWC relançait son Ingénieur dans une narration faite de pistons en titane, carrosseries en carbone et freins en céramique, le tout avec un partenariat avec l’écurie Mercedes AMG Petronas. Toujours dans le registre auto-horloger, Richard Mille s’est rapproché de Sébastien Loeb, l’indétrônable champion de rallye. Et Hublot, avec une nouvelle montre à complication, continue à faire vivre son partenariat avec Ferrari. A quelques semaines de l’ouverture de Baselworld, on dénombre près de vingt marques d’importance qui vont se mettre au volant de voitures de course, que ce soit une nouveauté ou un pilier de leur histoire.

 

Chronographe

Attention, un chronographe peut en cacher un autre. En l’occurrence le brevet d’Adolphe Nicole de 1844 aurait été précédé d’une invention de 1815 à mettre au crédit de Louis Moinet, conçue à des fins d’observations astronomiques. La marque a ainsi présenté le 21 mars un compteur de tierces découvert récemment. Les poinçons identifiés sur le fond du boîtier permettent d’affirmer qu’il a été entrepris en 1815 et terminé en 1816. Il affiche le 60^e de seconde, les secondes et les minutes ainsi que les heures sur un cadran 24 heures. Les fonctions de départ, arrêt et remise à zéro se font par l’intermédiaire de deux poussoirs. Les horlogers ne cesseront jamais de nous surprendre.