Urwerk : URWERK raconté par ses co-fondateurs

Notre expérience débute en 2002. Nous retrouvons Felix Baumgartner à son atelier, à Genève, près de la gare Cornavin: «Nous sommes assis autour de la table. Le relevé bancaire de la société git sur la table. Dessus un chiffre, CHF 100’000.00. C’est tout notre avoir après 5 ans de travail acharné. Cinq années que nous travaillons à faire vivre notre rêve avec un succès mitigé. Nous avons frôlé la fin plusieurs fois déjà. Commandes annulées à la veille de la livraison, prix des composants trop chers. Nous avons l’impression continuelle d’être sur un grand huit. Un jour l’euphorie, le lendemain la déprime. Et là, nous sommes dans un creux. Nous avons les plans de notre nouveauté mais pas assez de fonds pour sa mise en production.

 

Nous sommes des joueurs attablés à une table de poker. Nous pouvons risquer tous nos jetons et nous lancer dans un baroud d’honneur ou débrancher la prise, nous avouer vaincus et prendre le large. CHF 100’000. Une grosse somme pour chacun de nous. De quoi voir venir, prendre un peu de recul. CHF 100’000. Une petite sommes pour relancer notre entreprise. Nous devons prendre une décision là, maintenant. Premier tour de table. Deuxième tour de table. URWERK est en mort clinique. Et puis c’est trop bête. Nous nous regardons. Troisième tour de table, ça ne peut pas se terminer ainsi. On va y aller à fond. On y croit.”URWERK is not dead. La UR-103 vivra!”

 

Nous retrouvons Felix à Bâle, un an et deux mois se sont écoulés

Basel – 3 avril 2003
«ça y est nous y sommes. Il est 9 heures, nous nous tenons debout à côté de notre vitrine sur le stand de l’AHCI. Ça passe ou ça casse. Nous en sommes cruellement conscients. Nous avons foi en notre création, la UR-103. Une complication inédite. Une indication des heures sur satellite. Une œuvre en trois dimensions. Une première mondiale au dos de la montre, le Control Board. Un boîtier qui tient de la sculpture. Nous savons que nous avons mis le meilleur de nous-mêmes dans cette création. Seule concession, notre boîtier est en acier, faute de moyen pour nous acheter l’or nécessaire. Mais la pièce est aboutie, elle est belle aussi bien techniquement qu’esthétiquement. C’est une montre réalisée pour quelques amateurs avertis, nous en sommes conscients et c’est dans cette optique que nous l’avons créée. Pour les amoureux des arts horlogers. Seront-ils sensibles à notre pièce? 16h. La première commande tombe. Du haut de mes 28 ans je crois que je suis le roi du monde.»

Genève – 6 janvier 2010
« Nous avons finalisé la première UR-103T “Mexican Fireleg”. La première pièce qui symbolise la fin de la lignée 103. Difficile de se dire que le point final de l’histoire de cette collection s’écrit aujourd’hui. Obligés pourtant si nous voulons lancer notre prochain défi. C’est la dernière ligne droite. So long. »

Le 13 décembre 2010, la dernière 103T sortira des ateliers URWERK

 

 

Nous surprenons Martin Frei dans son atelier de Zurich. Il est 15h, il est seul à son bureau, il a son carnet de dessins ouvert devant lui. Il semble perdu dans ses pensées. Nous le suivons au grè de ses rêveries.

«L’histoire de la Haute Horlogerie est intimement liée à l’histoire de la navigation, des voyages et de l’exploration. Je pense encore qu’une montre est un outil qui vous aide à naviguer mais dans le temps».

«Mon père est physicien et ma mère professeur en art appliqué. Ceci explique certainement beaucoup. Ces deux influences majeures se devinent dans tout mon travail. J’aime les objets non seulement pour leur utilité mais aussi pour leur beauté intrinsèque. Mon objet fétiche est d’ailleurs un superbe Curta dessiné par Herzstark. Une superbe calculatrice mécanique inventée dans les années 1940 qui se loge dans le creux d’une main».

«La UR-103 est née d’un défi. Quand je me suis lancé dans l’aventure URWERK je sortais tout juste de l’école des Beaux-arts de Lucerne. Parmi mes «disciplines» préférées, la sculpture et la peinture. Un rapport charnel à l’objet. C’est cette dimension que je voulais insuffler à URWERK.»

«L’invention du quartz a radicalement changé nos valeurs horlogères. S’il a un temps rendu les montres mécaniques anachroniques, il nous a également permis de redécouvrir toute la poésie de l’art horloger. Une montre mécanique est un luxe. Elle parle des artisans, de leur savoir-faire, de passion et d’histoire. Pour la faire vivre pleinement, il faut la porter».

«Nos collections sont pour moi comme une création cinématographique. Nous avons un thème que nous revisitons encore et encore sans en faire jamais le tour. Notre indication du temps est très intuitive. Elle s’inspire de la course du soleil d’un pôle à un autre. Quoi de plus naturel et cependant elle comporte une palette de possibilités».

«Il y a une certaine magie dans la rotation de nos satellites. Dans nos créations c’est l’heure qui dérive et voyage pour indiquer le temps. Un système complexe assure la rotation isochrone de tout le mécanisme. Mais j’aime oublier ce coté mécanisme et penser que c’est le hasard  où la destinée qui conduit  cette heure à cette place à cette minute précise».


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