Girard-Perregaux : Michele Sofisti

Qu’a apporté le prix de l’Aiguille d’Or du Grand Prix 

d’Horlogerie de Genève à GP ?

Beaucoup de reconnaissance et de visibilité. Cette distinction signifie une grande reconnaissance pour la prouesse technologique que représente l’échappement constant* de Girard-Perregaux, mais également pour le travail de repositionnement de la marque effectué depuis deux ans et demi ainsi que les investissements consentis dans l’intégration de notre manufacture. Ce coup de projecteur est survenu au meilleur moment pour la marque, car nous étions en train de changer une grande partie de notre réseau de distribution. La visibilité qui en découle s’avère très positive sur nos partenaires commerciaux du monde entier, qui en parlent beaucoup avec nos équipes et autour d’eux. Il s’agit vraiment des Oscars de l’horlogerie, et nous ne les avons pas reçus par hasard.

 

Vos investissements en R&D se mesurent déjà en 

retombées commerciales ?

Avant tout nous sommes très fiers d’avoir effectivement pu réaliser, produire et vendre les premiers garde-temps équipés de l’échappement constant. Comme il n’existe encore aucune littérature ni référence à ce sujet nous avançons en terrain vierge et il nous revient la responsabilité et l’honneur d’écrire ce nouveau chapitre horloger. Or, nous ne sommes qu’au début du processus de fiabilisation du mécanisme pour une production à plus grande échelle, ce qui va nécessiter du temps. Nous souhaitons aussi le faire évoluer et allons commencer par ajouter une complication, tout en visant à plus long terme une réduction de la dimension du système qui intègre aujourd’hui un boîtier de 48mm. Nous ne sommes donc pas encore au stade où l’échappement constant va équiper toutes nos collections !

 

GP compte sur la haute horlogerie pour l’image, 

mais comment le volume des ventes se génère-t-il ?

La haute horlogerie compte non seulement en termes d’image, mais également en termes de chiffre d’affaires puisqu’elle constitue 30% des ventes ! Nous avons consenti un gros effort sur ce segment en rapatriant toutes les compétences pour réaliser les grandes complications en interne, ce qui nous a permis en moins de trois ans de présenter une demi-douzaine de nouveautés à complications pour dames et hommes, dont le Néo Tourbillon sous Trois Ponts et le Tourbillon Tri-Axial. Peu de manufactures peuvent se prévaloir d’un tel résultat en si peu de temps. En ce qui concerne le volume, notre bestseller reste la ligne 1966, dont quatre modèles se placent dans le top ten des ventes de manière transversale. C’est un succès en Amérique comme en Asie et en Europe. La collection Vintage vient tout de suite après mais nos autres collections sports, lifestyle et féminines fonctionnent bien également.

 

Les montres pour dames seraient-elles votre prochain chantier important ?

Chaque chose en son temps, car nous venons d’achever 30 mois de travaux sur le produit et la complication et sommes encore en plein chantier sur la distribution. La moitié du réseau a été renouvelée, nous travaillons maintenant avec de nouveaux distributeurs en Allemagne, en Angleterre, en Chine, au Mexique ou en Asie du Sud Est avec the Hour Glass. A terme ils seront sans doute autour de 600, et mieux informer nos 450 détaillants s’avère toujours prioritaire car la plupart manquent encore de connaissances sur le chemin emprunté par Girard-Perregaux et la situation actuelle. C’est doublement important de leur expliquer ce que représente la marque aujourd’hui, car ils sont en plus prescripteurs auprès des clients finaux. Nous n’avons pas oublié les dames pour autant car la collection phare Cat’s Eye a vu à Baselworld le nombre de ses références s’élargir, nous leur proposons également une 1966 Dames et une Vintage avec un mouvement manufacture parmi les plus petits du marché. Leur segment constitue plus du quart de notre chiffre d’affaires.

 

Le sponsoring ne semble plus faire partie de votre 

stratégie de communication ?

Effectivement le sponsoring a été abandonné pour le moment, car il nous fallait au préalable redéfinir notre stratégie commerciale et orienter le message sur notre vocation de manufacture. Girard-Perregaux est une maison ancienne avec des équipes jeunes, que nous avons souhaité mettre en avant. Nos horlogers sont le visage de la marque, nous les avons emmenés en voyage sur toute la planète et avons consacré un livre à leur talent. C’est une communication interne et externe. Par ailleurs, nous nous sommes associés à des personnalités ou des projets intéressants nous permettant de véhiculer nos valeurs et idées. Ce que nous appelons nos « iconic partnerships » concernent ainsi la protection des océans avec la famille Rockfeller, ou l’Académie du cinéma de Los Angeles à qui nous apportons notre soutien dans la construction d’un musée et qui met à notre disposition ses archives de douze millions de clichés cinématographiques. On y trouve beaucoup de matière et nous organisons des événements autour de ces thèmes, comme au festival du film de Shanghai en juin.


Rédacteur en chef des magazines GMT et Skippers dont il est le cofondateur depuis 2000 et 2001, Brice Lechevalier est aussi à la tête de WorldTempus depuis son intégration dans la société GMT Publishing, qu’il dirige en tant que co-actionnaire. Il a par ailleurs créé le Geneva Watch Tour en 2012 et conseille le Grand Prix d’Horlogerie de Genève depuis 2011. Côté nautisme, il édite aussi le magazine de la Société Nautique de Genève depuis 2003, tout en étant membre fondateur des SUI Sailing Awards (les prix officiels de la voile suisse) depuis 2009 et du Concours d’Elégance de bateaux à moteur du Cannes Yachting Festival depuis 2015.

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