Tout d’abord j’ai découvert les joies du management puisqu’auparavant je n’avais que trois personnes dans mon équipe et qu’il a fallu en gérer 25 aux Ambassadeurs. Ensuite bien sûr mes connaissances horlogères se sont énormément approfondies, que ce soit par les formations techniques organisées par Les Ambassadeurs et les marques partenaires, ou par le contact avec la clientèle. J’ai appris à mieux cerner les attentes des clients et à mieux définir ce qui se vend ou pas. Une montre peut paraître extraordinaire mais ne trouver aucun acquéreur. Enfin, ma position de l’autre côté du comptoir m’a permis d’appréhender les tenants et aboutissants de la distribution: marge, modèles, PLV, stock etc… je suis maintenant à même de cerner les besoins des détaillants et de favoriser le sell-out auprès du réseau De Bethune.
Parallèlement vous avez orchestré deux éditions du Grand Prix d’Horlogerie de Genève avec Carine Maillard, quelle expérience en tirez-vous?
Là encore je distinguerais trois aspects. C’était avant tout une aventure humaine passionnante. Elle a naturellement drainé un réseau extrêmement précieux, qu’il s’agisse de la presse, des professionnels du secteur ou des grands détaillants du monde entier. Pour finir, j’ai pu là encore admirer de près une multitude de pièces exceptionnelles que j’ai eu l’opportunité de tenir entre mes mains.
Auparavant vous avez cofondé en 2000 et dirigé GMT avec son rédacteur en chef actuel pendant dix ans, pensez-vous que l’horlogerie a beaucoup évolué depuis?
Il me semble que la décennie écoulée s’avère être l’une des plus riches et créatives dans l’histoire de l’horlogerie. Tellement de nouvelles marques ont vu le jour, tellement d’innovations technologiques et de bouleversements dans le design sont apparus. Avant, un QP était synonyme d’exploit, aujourd’hui il faut quatre tourbillons sur deux cadrans inversés en trois dimensions pour éveiller l’intérêt, en exagérant un petit peu bien sûr. L’exceptionnel a changé de dimension.
Quelle stratégie allez-vous mettre en place dans ce nouvel environnement pour faire percer De Bethune?
«Small is beautiful» est ma devise et a toujours été celle de De Bethune. Depuis bientôt dix ans De Bethune est une marque exclusive et doit le rester, aucun compromis n’est envisageable en matière de qualité. Maintenant il ne suffit pas de fabriquer de magnifiques montres si personne ne les connaît. La priorité consiste donc à augmenter la notoriété de la marque et nous avons mis sur pied une petite équipe dynamique dans ce sens, dont je suis le fer de lance. Un poste de responsable du marketing et de la communication a été créé dès mon arrivée, et Alessandro Zanetta* a été nommé directeur commercial. Ses deux années passées à la manufacture de La Chaux l’Auberson et son enthousiasme en font l’interface idéale entre les horlogers, la clientèle et notre cellule de management basée à Genève. Nous avons déjà exposé en janvier à Genève et accueillerons les visiteurs sur notre stand aux salons de Bâle, Las Vegas, Belles Montres Shanghai et Paris. Entre chacun je prendrai mon bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole chez les meilleurs détaillants de la planète.
Quelles sont les forces et les faiblesses de la marque, en quoi diffère-t-elle des autres?
Fondamentalement De Bethune est une Manufacture avant d’être une marque, elle n’a rien d’un concept marketing. Près d’une cinquantaine d’employés y travaillent pour une production actuelle de 300 pièces par an. De Bethune a créé onze calibres en neuf ans, a déposé neuf brevets, et a équipé en première mondiale ses spiraux de courbe terminale plate. Nous possédons le tourbillon le plus léger du monde: ses 54 composants en silicium titane ne pèsent que 0,18 grammes. Tout est réalisé en interne, de même que la fabrication des aiguilles et les décorations des cadrans et boîtiers qui sont d’un raffinement extrême. Notre seule lacune concerne la notoriété, ce à quoi nous nous attelons dorénavant.
De Bethune participe depuis le début à Only Watch, qu’en attendez-vous?
Son fondateur Luc Pettavino défend avec énergie, passion et professionnalisme une cause très noble. Nous sommes donc heureux de pouvoir participer par le développement d’une pièce unique pour contribuer au mieux au financement de la recherche sur la myopathie de Duchenne.
Quelle pièce verriez-vous être sélectionnée pour le Grand Prix d’Horlogerie de Genève?
Dans un monde idéal je verrais la DB24 en montre Sport, la DB25 en montre Hommes, la DB25 Tourbillon en montre Haute Complication, la DB28 en montre Design, et la DBL dans la catégorie Joaillerie!
Quelles sont les plus intéressantes de votre collection d’après-vous?
Chacune se distingue par des qualités intrinsèques propres et peut intéresser tel ou tel amoureux d’horlogerie, mais nous allons nous concentrer sur trois lignes. La DB15 qui véhicule tous les codes De Bethune, la DB25 Tourbillon pour sa pureté et son classicisme, la DB28 qui reflète notre esprit avant-gardiste: elle intègre les percées technologiques d’années de R&D telles que le balancier en silicium et platine ou le berceau mobile qui relie le boîtier au bracelet en plaçant la montre en suspension au-dessus du poignet.
*fils de David Zanetta, co-fondateur de la marque avec Denis Flageollet, présent depuis le début à leurs côtés